Temps de lecture: 3minutesCrédits photo: David Campana – Instagram
Tantôt chanteur, tantôt rappeur, l’aisance de David Campana sur les sons pompeux de son bras droit et beatmaker Majosty est remarquable.
‘TOUJOU LAKAY’ est le quatrième EP d’une série de sept, un projet 100% produit par l’artiste.
Un univers propre à lui
David n’attend rien, ni personne. «Majosty et moi, on taf’ dur. On avait plein de sons en banque, certains qui vont même jamais être entendus. Il y a un grand contraste entre le matériel que j’ai et mon dernier album Bonjour/Hi. Je voulais pas attendre 6 mois, ou une date fixe pour que mon public me [re]découvre. Tout ce que je vis, j’le partage à travers ma musique et c’était une façon pour moi de plonger mes fans dans l’univers dans lequel je suis sans que ça soit trop un choc.»
Un artiste, sans filtre
L’EP comporte 3 chansons et un indice. L’interprète d’origine haïtienne et marseillaise se sert du outro pour donner à son auditoire un coup d’œil sur sa psychée. D’une piste à l’autre, David Campana veut passer un message à tous, qui tombe pile avec la célébration du mois de l’histoire des Noirs. Il nous partage sa vision en tant qu’artiste Noir qui évolue dans la scène du Rap Kèb.
Accompagné du talentueux rappeur guyanais Tows (gagnant du tournoi No Sleep Madness), Campana veut d’abord faire un statement: il est ici, chez lui, et il est là pour rester. ‘TOUJOU LAKAY’ au titre éponyme de l’EP signifie « toujours à la maison » en créole.
«On vit dans un pays caucasien. Pour certains, il est normal de voir principalement des personnes de couleur blanche dans l’industrie de la musique. La vérité est que, de nombreuses cultures (antillaise, latine, arabe,…) nourrissent l’industrie de la musique urbaine d’ici. […] On veut sentir que nous avons la place qu’on mérite en tant que créateur également de ce style de musique! Peu importe qui on est, d’où on vient, notre état d’esprit nous dit qu’on est aussi chez nous ici! […] Pour cette raison, on ne peut pas accepter de rester des artistes de seconde zone.»
Un duo qui déchire
Sur le son suivant, David fait comprendre qu’il ne se laissera pas intimider par l’industrie à cause de sa ‘PEAU FONCÉE’. Le morceau offre un contraste magnifique entrelaçant la voix mélodieuse de Campana à l’instru beaucoup plus dramatique de Majosty.
D’ailleurs, le duo est sans équivoque une loto gagnante. L’influence des interprètes Soprano ou encore de Michael Jackson se font entendre à travers les proses de David. Pour sa part, l’ingénieux Majosty a une signature saccageuse bien à lui qui résonne tout au long de ses productions qui prisent la drill à l’état pur.
Le emorappeur se confie: «Majosty, c’est mon bro. Beaucoup de gens m’ont dit que je ne pourrais pas chanter et rapper. Il a définitivement été une source de motivation pour ce projet et m’a poussé à être fier de toutes les facettes de ma personne en tant qu’artiste.»
Crédits photo: David Campana – Instagram
Tout est à lui ‘icitte’
Sur ‘TANNÉ’, le roi des adlibs s’adresse à ses pairs: «Si tu as une passion, pourquoi tu passes ton temps à checker les œuvres des autres au lieu de créer la tienne? Si tu as envie de réécrire l’histoire, c’est peut être le temps de l’écrire!»
Celui qui s’autoproclame dealer de Love veut surtout inspirer, encourager et motiver ceux qui l’écoutent à trouver le bonheur à travers leur passion. Et de ne pas abandonner au premier obstacle venu. Il réitère d’ailleurs dans l’indice IV: «Comment ça tu t’arrêtes bro, tu m’as vu m’arrêter moi??»
En partie épaulé par d’Hydrophonik, il prend tout de même le temps de souligner le travail extraordinaire de son cercle. Un entourage qui le soutient dans la production totalement indépendante de ses EPs. Avec cinq vidéoclips et trois autres EPs qui mèneront à une mixtape et un projet spécial pour l’accompagner, David prouve qu’il est au contrôle de son art narratif.
«C’est beaucoup de travail. Je me compte chanceux d’avoir une équipe de feu qui croit en moi, en la vision. Elle donne tout pour qu’on y arrive. Dave Gaudreau, mon manager, Fanny Desseaux qui porte plusieurs chapeaux. Mais aussi José Fernandez, José Morales et tous ceux qui show up pour moi. Je suis extrêmement reconnaissant.»
Soucieux du détail, de la couverture de ses projets à l’approche cinématographique de ses vidéos, sans oublier ses ‘toplines qui ensorcellent’, David Campana est maître de son destin.
Sans aucun doute un talent hors-pair, déterminé et qui n’a pas froid aux yeux, il s’assure une place parmi la longue liste des artistes à surveiller.
