Cult Underground : Mosaïque québécoise

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Cult Underground est une série documentaire qui plonge dans la scène hip-hop et rap du Québec. Chaque épisode de 60 minutes met en lumière deux artistes talentueux qui, bien que populaires dans leur milieu et soutenus par un public fidèle, restent en dehors des radars du grand public et des plateformes mainstream.

À travers les récits inspirants de dix artistes, la série, imaginée par Nazbrok Jaynaz, Éric Idriss Kanago (Yzanakio) et Éric Fokom (Foxx de Socult Média), révèle leur passion indéfectible pour la musique, malgré les obstacles et les préjugés. Elle montre que, même si le hip-hop est aujourd’hui un genre populaire et commercialisé, il demeure un puissant vecteur d’expression, de révolte et de lutte contre les inégalités sociales et raciales.
Les épisodes sont diffusés sur Natyf.tv chaque vendredi, seront accessibles à tous les abonnés de câblodistributeurs au Québec. Cult Underground offre une perspective inédite sur ces artistes qui peinent encore à se faire une place dans les médias traditionnels, notamment à la télévision et à la radio.

Un regard nécessaire sur la diversité musicale du Québec

Le Québec, riche en cultures afrodescendantes, nord-africaines et latino-américaines, voit encore son industrie musicale privilégier certains artistes au détriment d’autres. Cult Underground rétablit l’équilibre en donnant une voix aux talents actifs sur les réseaux sociaux et dans les cercles hip-hop, mais sous-représentés dans les médias traditionnels. L’objectif est de mettre en avant un hip-hop vrai et enraciné dans des réalités sociales diverses.
MikeZup, l’un des artistes de l’épisode 1, fait part de son enthousiasme :
“Le montage est excellent, d’une qualité supérieure. Le concept est innovant, surtout pour les rappeurs de Montréal, qui sont rarement mentionnés à la télévision. Mon épisode mêle parfaitement humour, émotion et moments poignants, tout en étant très informatif et captivant.”

Une bande-son créée sur mesure

L’une des forces de Cult Underground réside dans sa bande-son, produite exclusivement pour l’occasion. Certaines des chansons seront incluses dans un album disponible sur les plateformes numériques. Des concerts sont également prévus pour accompagner la diffusion de la série, avec une présence dans plusieurs festivals.
Un aspect particulièrement émouvant de la production musicale est la collaboration de Santa Cruz, fils de James-Lee Eloï alias Nazbrok, producteur principal. Il participe aux compositions depuis ses neuf ans, apportant une touche familiale authentique au projet.

Un tournage exigeant, mais porteur de sens

La réalisatrice Aline-Sitoé N’Diaye, d’origine française, a découvert la scène rap de Montréal pendant le tournage. Elle a adopté une approche intimiste, tissant des liens de confiance avec les artistes pour saisir leur essence sans artifices.
Le tournage s’est étendu sur près d’un an, de novembre 2023 à août 2024, après une phase préparatoire entamée en septembre 2023. L’équipe a dû s’adapter aux emplois du temps chargés des artistes, jonglant entre tournées et enregistrements. Malgré les défis, le résultat est une création vibrante et unique.
Ya Cétidon, le deuxième artiste de l’épisode 1, exprime son ressenti :
“Cette aventure m’a montré qu’il ne faut rien prendre à la légère, car c’est le parcours qui compte. Ce n’est pas une course, mais un marathon. Il y a beaucoup de personnes qui travaillent dans l’ombre, sans reconnaissance, et ce projet est un bel hommage à leur travail. L’équipe de la production était fantastique, et c’est aussi une manière de célébrer tout le travail accompli. Lorsque l’on fait les choses avec passion, cela finit par se voir. Revisiter ces moments, c’est aussi apprécier encore un peu plus le présent. Et je tiens à saluer ma famille, mes amis et mon équipe musicale Pollen Records, 3 Heures Prod… C’est grâce à eux qu’on en est là aujourd’hui.”

Une véritable immersion dans le quotidien des artistes

L’une des ambitions principales est de dépasser l’image superficielle souvent véhiculée par l’industrie musicale. Cult Underground s’immisce dans le quotidien de MikeZup, Ya Cétidon, Dramatik, Meryem Saci, Emma Beko, Shreez, Raccoon, Naya Ali, SLM et Lebza Khey. Ces artistes partagent leurs réalités, leurs doutes, leurs espoirs et les sacrifices qu’ils font pour leur art. Cette œuvre brise les stéréotypes en dévoilant des personnalités aux parcours variés et aux aspirations universelles.
Dans le deuxième épisode, on s’aventure en Algérie avec Meryem Saci, et on explore avec la chanteuse et autrice-compositrice montréalaise, son univers musical riche et métissé. Elle incarne une fusion audacieuse entre tradition et modernité, naviguant entre R&B, hip-hop, soul, jazz et reggae. Sa voix puissante, nourrie par des influences comme Whitney Houston, Lauryn Hill ou encore Jazmine Sullivan, devient un canal d’émotions et d’héritages culturels. Entre Montréal et Alger, elle explore ses racines et les recompose en sons, mêlant langues (anglais, français, arabe) et rythmes (afro-arabes, trap, old school). Entourée de beatmakers et de musiciens, Meryem marie instruments ancestraux et production numérique, faisant de sa musique un espace de réconciliation et de résilience.

Une conclusion inspirante

Cult Underground se distingue par la sincérité des artistes, qui offrent des récits remplis d’émotions brutes. Ces témoignages créent une fresque collective qui va au-delà des simples portraits individuels.
Dans un contexte médiatique souvent polarisé, cette série apporte un regard nouveau, axé sur l’échange, la transmission et le partage. Elle nous rappelle qu’il est possible de suivre une autre voie, où diversité et humanité occupent une place centrale.
Comme le souligne Dramatik : “Le pire, ce n’est pas de ne pas dire l’amour, c’est de ne pas en avoir.’’