Il y a des artistes qu’on reconnaît à leur voix, d’autres à leur plume. Youssef Swatt’s, lui, incarne une authenticité à toute épreuve.
Révélé au grand public grâce à l’émission Nouvelle École, ce rappeur belge originaire de Tournai a su se frayer un chemin sans jamais trahir ses valeurs. Rencontre avec un passionné de mots, de scène et de sincérité.
Nouvelle École : un saut dans l’inconnu… grâce à un ami
Participer à Nouvelle École, il n’en rêvait pas. “Quand j’ai été casté, j’ai dit non direct”, confie Youssef. C’est un de ses meilleurs amis qui l’a convaincu de tenter sa chance. Un pari qu’il n’aurait jamais fait seul : “Il m’a donné une vraie leçon de morale. J’ai fini par y aller pour lui.”
Ce qui l’a mené jusqu’à la victoire ? Un détachement total : “Je ne m’imaginais jamais gagner. J’étais très serein, sans pression. Je prenais les épreuves une par une.” Une approche rare dans un monde où le stress est souvent moteur.
L’influence des grands
Quand on lui demande quelles plumes l’ont forgé, la liste est riche : Youssoupha, Kery James, Diam’s, Sniper, mais aussi des figures comme Keny Arkana, Gaël Faye, ou encore Médine. “Aujourd’hui, Dinos m’inspire beaucoup aussi. Et Niro… même s’il est là depuis longtemps, il est plus fort que jamais.”
Des références qui tracent un pont entre engagement, émotion, et exigence littéraire.
Fier de Tournai, Youssef ne vient ni de Paris, ni de Bruxelles, mais de Tournai, petite ville belge qu’il revendique haut et fort. “Je suis content de pouvoir mettre ma ville sur la carte”, dit-il avec une fierté non feinte. “Je suis chanceux. J’ai un public fidèle, et j’essaie d’en être digne.”
Studio vs scène : le verdict est clair
“Le studio, c’est ma phobie.” La phrase est cash, sans détour. Swatt’s est un artiste de scène avant tout. “En studio, je galère. Je fais dix sons, j’en garde un. Le reste part à la poubelle.” Le processus peut être douloureux, et le syndrome de la page blanche, familier. “Pas tant la page blanche, plutôt la page belle. Écrire, c’est bien. Écrire stylé, c’est mieux.”
Et l’intelligence artificielle dans tout ça ?
“ChatGPT ? C’est drôle pour imiter mon style avec des potes. Mais ça ne remplacera jamais un auteur.” Quand il cherche une rime, il préfère encore ouvrir un dictionnaire papier. “Je suis old school, mais j’assume.”
La scène québécoise ? “Je suis toujours en retard…”
Au Québec, il cite Loud et Manu Militari comme belles découvertes. “J’écoute la playlist Rap québ sur Spotify. Je ne retiens pas toujours les noms, mais ça me permet de découvrir.” Un lien timide mais sincère entre la scène belge et québécoise, à approfondir.
La suite ?
Youssef est en tournée depuis plus d’un an. Et ce n’est pas fini : “Il reste deux ou trois mois. Cet été, je vais partout.” Et après ? “Studio, sûrement. Mais aussi, me reposer. J’en ai besoin.”
En concert ou dans une discussion, Youssef Swatt’s dégage une vérité brute. Pas d’esbroufe, pas de façade. Juste un artiste qui écrit avec le cœur, monte sur scène avec le feu, et avance à son rythme, sans jamais oublier d’où il vient.