Du 3 au 6 juillet, Les Ardentes transforment Liège en capitale européenne des musiques urbaines. Entre têtes d’affiche internationales et scènes émergentes, cette édition 2025 confirme la place du festival comme un rendez-vous incontournable alliant innovation, diversité et expérience globale.
De l’électro-rock aux musiques urbaines
Fondé en 2006 par Fabrice Lamproye et Gaëtan Servais, le festival s’est d’abord imposé par une programmation électro-rock audacieuse. Des artistes comme Air, Indochine ou Iggy Pop, ont marqué les premières éditions.
Au fil des années, le festival a opéré une transition naturelle vers les cultures urbaines, suivant l’évolution des tendances et du public. En 2015, l’arrivée de Kendrick Lamar sur la scène principale a scellé ce virage. Depuis, Les Ardentes se positionnent clairement comme le grand festival hip-hop francophone, attirant un public jeune, fidèle et international.
Comme l’explique Jean-Yves Reumont, responsable communication et programmation du festival:
« Ça a été progressif. Le festival était d’abord éclectique, avec tous les genres musicaux. Puis, à partir de 2015, on a compris qu’il fallait évoluer. En 2018, on a complètement switché vers une programmation hip-hop, rap, musique urbaine, teintée d’électro et de pop, orientée vers un public génération Z, entre 16 et 25 ans. »
Le changement de site en 2022, vers le vaste espace de Rocourt, a aussi permis d’accueillir jusqu’à 70 000 personnes par jour et d’offrir des expériences scéniques plus impressionnantes.
Une programmation ambitieuse et réfléchie
L’édition 2025 frappe fort avec une affiche mêlant rap, pop urbaine, reggaeton et électro.
Côté US : Young Thug, Trippie Redd, Gucci Mane, PARTYNEXTDOOR, Swae Lee. Scène francophone : Damso, Ninho, Gims, Niska, Vald, SDM, Tayc, Lomepal, SCH, Heuss L’Enfoiré, Laylow, Zola, Aya Nakamura. À l’international : J Balvin, Latto, Sevdaliza. Côté électro : David Guetta, 999999999, Trym, I Hate Models, Apashe (accompagné d’un orchestre).
Le programmateur détaille la mécanique :
« On fonctionne en trois temps : les têtes d’affiche, locomotives du festival ; le cœur de l’affiche, un panorama quasi exhaustif du rap francophone ; enfin, une large place à l’émergence, aux scènes niches et aux nouvelles tendances, notamment dans l’électro et la new wave hip-hop. »
La scène rap : une professionnalisation croissante
Longtemps critiqués pour leur performance scénique, les artistes rap ont beaucoup progressé.
« Au début, beaucoup n’étaient pas préparés aux grandes scènes. Ils venaient souvent du studio ou des showcases. Aujourd’hui, il y a une vraie prise de conscience, avec plus de résidences et de travail pour solidifier les prestations live. »
Le festival reste vigilant à la taille des scènes :
« On essaie d’adapter la scène à l’artiste. Parfois, quand un artiste explose, il faut lui offrir une plus grande scène pour éviter les problèmes de sécurité. »
Une expérience marquante illustre cette réalité. Sur l’ancien site, Zola avait été programmé très tôt sur une petite scène, alors que sa popularité commençait tout juste à décoller. Au fil de l’été, son engouement grandissant a rendu la configuration initiale difficile à gérer. Le festival avait envisagé de le déplacer sur une scène plus grande, mais cela n’a pas pu être fait à temps. La forte affluence autour de la petite scène a finalement conduit à un concert écourté. Depuis, avec le nouveau site de Rocourt, le festival dispose d’espaces plus vastes, mieux adaptés à l’évolution des artistes.
Concernant la définition d’un bon show :
« Ce n’est pas une recette unique. Parfois, un DJ et un micro suffisent, si l’artiste a la présence et l’énergie. D’autres fois, une production visuelle et des musiciens live apportent une dimension supplémentaire. Mais c’est surtout l’artiste qui, par son charisme, emmène le public avec lui. »
La dernière découverte qui a marqué le programmateur historique ?
L’artiste TIF, dont le live a su transcender son album par une présence rare.
Un festival qui va au-delà de la musique
Au-delà de la scène, Les Ardentes misent sur l’expérience globale : camping indoor repensé pour des nuits au sec, système cashless avec programme fidélité “flammes”, collaboration exclusive avec Kappa pour une capsule streetwear, espaces lifestyle, food courts variés et installations artistiques immersives sur le site de Rocourt.
Une ouverture internationale forte, notamment vers le Québec
Le festival accueille régulièrement des artistes québécois, une scène particulièrement suivie pour sa culture du live plus ancrée que chez certains rappeurs français. « On aimerait renforcer ces liens et accueillir davantage de talents venus du Québec. »
Les Ardentes 2025 s’imposent ainsi comme un rendez-vous estival incontournable, où musiques urbaines, style affirmé et ambiance fédératrice se conjuguent pour offrir une expérience unique et intense à Liège.