• Leti Leaks
• April 4, 2023

Broky Flacko en entrevue

Derrière des sons comme Maladroit (Tsew The Kid x Lefa) ou Champagne frais (Take a Mic), le producteur Broky Flacko est aussi un artiste Lofi. On en a donc appris davantage sur ce jeune talent et sur ce genre très streamé mais dont les virtuoses sont assez méconnus.

QCLTUR: Comment t’en es venu à la musique?

Broky: J’ai commencé à faire de la batterie à l’âge de 5-6 ans. Mon père faisait du piano, mes deux sœurs chantaient. Je suis d’origine malgache. La musique fait généralement partie de nous.

QCLTUR: Et les prods?

Broky: À l’âge de 9 ans, je suis parti en sport études. Le tennis, ça a duré plus de 10 ans. Suite à une blessure, il fallait que je m’occupe, que je me change les idées. Et c’est à ce moment là que je me suis mis à faire des prods. En même temps, mon cousin Tsew (The Kid) prenait la musique plus au sérieux. Du coup, je lui ai envoyé des prods et on a commencé à collaborer. Depuis ce jour, je continue de produire des beats hip hop, je fais mes placements. Et à côté, je suis artiste Lofi depuis 2022 sous mon nom d’artiste.

QCLTUR: Tu travailles avec qui?

Je travaille principalement avec Tsew. J’essaie de m’ouvrir à d’autres artistes. Jusqu’à présent, cela se passe bien donc je continue.

QCLTUR: C’est quoi le genre Lofi?

Broky: C’est que des instrus, on ne pose pas dessus. Chillhop ou Lofi, appelle ça comme tu veux. Je trouvais ça intéressant, comme une industrie parallèle et un peu cachée. Je trouvais ça captivant à découvrir et je me suis essayé. Surtout que de base les compositions que je place, il y a beaucoup de sonorités Lofi. D’ailleurs, le son phare que j’ai fait avec Tsew c’était une prod Lofi. Jusqu’à aujourd’hui cela me suit toujours.

Sur ton corps, c’est ma première certification. Single d’or en mars 2022.  En fait, il y a un album qui a été la transition entre le rap et le Lofi. Ce n’est pas venu d’un coup si je puis dire. C’est l’album 17 de XXXTENTACION sorti en 2017. Et c’est vraiment en 2018 que je me suis penché sur ça.

QCLTUR: Pourquoi dis-tu que la musique Lofi est cachée?

Broky: Beaucoup de gens arrivent à identifier la musique Lofi. Par contre, les artistes Lofi ne sont pas forcément très connus. C’est un secteur qui marche par playlist. Je trouve que c’est compliqué d’être fan. Il n’y a pas de paroles, c’est de la musique d’ambiance. C’est un peu réducteur mais c’est comme ça que les gens le voient. 

QCLTUR: Tu as fait des prods pour quels artistes?

Broky: J’ai commencé avec Tsew. Puis j’ai voulu prendre ma voie, faire mes preuves et voir si j’étais capable tout seul. Ça a commencé surtout avec le confinement, vu que j’avais plus de temps. Je fais mes études à côté. Un de mes premiers placements c’était avec Hypnotic pour Titoff, Petit Sparta de Noel. Après j’ai fait Tokyo de Lazer MMZ. Mais la collaboration qui se fait le plus naturellement c’est avec mon cousin. 

QCLTUR: Ta relation avec Tsew The Kid

Broky: C’est facile de travailler avec lui. Cela s’explique par notre lien familial et aussi parce que c’est un artiste qui je trouve est à l’écoute des beatmakers. Quand il donne des idées, c’est généralement assez facile à comprendre. C’est explicite.

QCLTUR: Tu étudies dans quoi?

Broky: De base j’étais en sport études tennis après je suis parti en BTS Banque rien à voir. Et là je suis en licence banque. On me demande souvent pourquoi je n’ai pas voulu faire une formation dans la musique. J’ai beaucoup de potes compositeurs ou ingénieurs de son qui font des études pour continuer dans la voie de la musique. Si je fais une formation dans la musique, que je professionnalise trop ce hobby, j’ai peur que ça me dégoute. Du coup, je préfère garder ça en tant que passion pour le moment. En plus, cela marche bien, ça coule. Mieux vaut attendre encore, avoir un gros single avant de me lancer à 100%.

QCLTUR: T’es quelqu’un de prudent dans la vie?

Broky: Oui. Je ne suis pas du tout aventurier. Avant que je fasse quelque chose, il faut que j’y réfléchisse pendant longtemps. Par exemple, l’idée d’être artiste Lofi, je me suis renseigné peut-être pendant un an à deux ans. Ça faisait longtemps que j’en avais entendu parler de cette industrie là parce qu’il y a beaucoup de beatmakers français qui sont dans ce milieu. Mais je voulais vraiment comprendre comment cela fonctionnait avec les labels, pourquoi les artistes avaient des millions d’écouteurs mensuels et quelques milliers d’abonnés sur les réseaux sociaux. Je ne comprenais pas trop et cela m’intriguait. Alors j’ai cherché, cherché. Mais oui je prends mon temps. (rire)

QCLTUR: Du coup quand tu crées, ce n’est pas instinctif? Penses-tu aux technicités?

Broky: Alors en général non. Je suis en mode complètement instinctif. C’est-a-dire que je ne réfléchis pas, est-ce quelqu’un peut poser dessus? Est-ce que je laisse assez de place à l’artiste? Mais j’ai des périodes où je fais des prods pour tel ou tel artiste. Je fais attention à ne pas trop charger la prod. Je calcule un petit peu. Tel élément je sais qu’il va kiffer, tel élément non. Ça dépend des moments.

QCLTUR: L’expérience où tu as le plus appris?

Broky: Honnêtement, il y a une session où le son est sorti et l’autre non malheureusement. La première je dirais c’était avec PLK, un featuring avec Tsew. La connexion s’est faite facilement parce qu’ils sont dans le même label chez Panenka avec Fonky Flav’. PLK est venu avec un beatmaker dont il était proche, Junior Alaprod, que je connaissais déjà. Tsew est venu avec moi. On a composé sur place. C’était la première fois que je travaillais avec un gros artiste en direct. Je voyais qu’ils étaient hyper rapides et efficaces. Alors que je prends d’habitude beaucoup plus de temps même en session avec un artiste, et des fois ça peut faire perdre l’inspiration à l’artiste, donc depuis j’ai corrigé ce petit défaut. Pendant la session on a fait une prod en trente minutes. Je voyais même PLK qui écrivait super vite. En quinze minutes, il avait déjà une partie d’un couplet. C’est la vitesse qui m’a surtout impressionné.

Et l’autre session qui m’a marqué, c’est celle avec Lefa pour Maladroit. Là, c’est le sens du détails qui m’a frappé. Sur ce son j’étais en co-prod avec MKL, un proche de Lefa. Malgré qu’en session avec des artistes, surtout en featuring, on doit aller vite, je voyais qu’il s’occupait déjà des petits détails de réalisation en même temps qu’ils enregistraient. Du coup c’est quelque chose que je fais d’avantage aujourd’hui pour avoir une meilleure map (première version). Je me dis peut-être que c’est la dernière version de la prod.

QCLTUR: Tu le vois comment ton avenir dans la musique?

Broky: Le statut des beatmakers va évoluer. Il y a de plus en plus de beatmakers en featuring avec les artistes sur les sons. Souvent c’est quand le beatmaker est proche de l’artiste. Par exemple Sofiane Pamart en feat avec Josman. Alors je me demande si cela ne va pas devenir une norme. Aux USA, le concept est assez répandu parce qu’il y a des gros noms. Alors j’aimerais qu’en France aussi, que les beatmakers soient plus mis en avant. Je pense qu’ils ont contribué pour beaucoup aux sonorités de la nouvelle génération. Cela mérite plus de crédits.

QCLTUR: Un conseil que tu donnerais à tes confrères beatmakers?

Broky: D’être proche des artistes avec qui ils travaillent. La relation humaine reste toujours importante. Ne pas faire des sons avec des artistes que tu n’aimes pas, c’est primordial. Et sortir de sa chambre, aller rencontrer les gens.

Perfectionniste, Broky Flacko est sur une belle lancée. Connaissant ses premiers pics d’écouteurs mensuels et d’intéressants placements en playlist en tant qu’artiste Lofi, il poursuit sa carrière de beatmaker dans le monde du rap. Longue vie!

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Crédit photos Kevinrzk

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