Dans l’univers foisonnant de la création artistique, Aimé Mbuyi se démarque comme un véritable touche-à-tout. Artiste visuel, designer, enseignant et explorateur infatigable de la culture congolaise, il nous partage dans une entrevue captivante son parcours, ses inspirations et sa vision pour l’avenir.
Une immersion dans la culture congolaise
Pour Aimé, tout commence avec ses racines. Inspiré par la richesse de la culture congolaise, il puise dans les archives, les musiques d’autrefois et les récits familiaux pour donner vie à ses créations. “C’est à travers la musique que je découvre l’histoire du Congo, surtout les périodes coloniales et post-indépendance,” confia-t-il. Des artistes légendaires comme Franco et Tabu Ley Rochereau nourrissent son imagination, tout comme son grand-père, passionné de musique, qui l’a initié au TP OK Jazz.
Cette connexion intime avec le passé le pousse à rendre hommage à cet héritage à travers ses œuvres. Pourtant, il n’est pas nostalgique au point de rejeter la modernité : ”Il y a une évolution dans la musique et la culture. Même si je préfère les sonorités d’avant, je reconnais que chaque époque apporte quelque chose d’unique.”
L’ART SUFFIT : un concept, un manifeste
Lancé en 2018, L’ART SUFFIT est né d’une réflexion sur l’importance de l’art dans la vie quotidienne. Initialement intitulé L’Art ne suffit pas, Aimé a transformé ce concept en une philosophie positive et intemporelle. “À travers mon parcours, j’ai réalisé que, finalement, l’art suffit. Il fait partie de tout ce que je fais, que ce soit dans l’enseignement, la mode ou l’art visuel.”
Ce projet devient un véritable terrain d’expérimentation. Il y mêle plusieurs disciplines, allant de la création de vêtements sur commande et des expositions en art visuel à l’élaboration de vidéos d’archives qu’il envisage d’intégrer dans un futur projet cinématographique.
Entre autodidactisme et transmission
Aimé se décrit comme un autodidacte, s’étant formé en design grâce à ses expériences personnelles et ses recherches sur la culture congolaise. “Mon oncle, tailleur au Congo, a été ma première source d’inspiration en mode, ” se souvient-il. Pourtant, il valorise aussi l’éducation artistique classique, en incitant les jeunes talents qu’il côtoie à poursuivre leurs études. Il est lui-même titulaire d’un baccalauréat en art visuel et d’une formation en cinéma. Pour lui, l’université est un espace d’échange et de croissance, essentiel pour développer une vision artistique complète.
Virgil Abloh : une inspiration importante
Virgil Abloh est une figure clé de son univers créatif. Designer visionnaire, Abloh a transcendé mode, art et musique. Il est devenu une icône culturelle. Chaque novembre, il lui rend hommage à travers des créations et projets collaboratifs car pour lui “Virgil ,qui était DJ, designer, artiste, a transformé des objets du quotidien en œuvres d’art.”
D’abord sceptique envers les créations d’Abloh, Aimé a reconnu son génie. “Il a su revisiter des pièces comme les Jordan pour en faire des œuvres uniques. Virgil a compris que l’esthétique et le message sont indissociables. Il s’inscrit dans la continuité de Martin Margiela. Son héritage inspire encore aujourd’hui.”
Virgil reste pour lui un modèle d’innovation et d’impact durable dans l’art contemporain.
Vers un futur prometteur
Aujourd’hui, il jongle entre ses projets en mode, en art visuel et dans l’enseignement en arts plastiques. Avec L’ART SUFFIT, il prépare une collection capsule prévue pour l’été prochain, dans le cadre d’un défilé de mode qui promet d’allier esthétique, modernité et héritage culturel.
Malgré ses multiples casquettes, Aimé reste fidèle à sa mission : partager la richesse de la culture congolaise tout en inspirant les autres à découvrir l’art sous toutes ses formes. Comme il le dit si bien, “L’ART SUFFIT, tous les jours.”
Crédits photos: Aime – Elle (photo de groupe et couverture), Galerie Fais-moi l’art (photo galerie), Alexis Coutu-Marion (photo Jersey), Andy Brunet (portrait)